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Posidonie (Posidonia oceanica) dans le Parc naturel marin du golfe du lion | Crédit :Bruno Ferrari / Office français de la biodiversité
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Posidonie (Posidonia oceanica) dans le Parc naturel marin du golfe du lion | Crédit :Bruno Ferrari / Office français de la biodiversité
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30/10/2020

Stage 2020 : Suivi des usages et de la fréquentation dans le PNM du golfe du Lion

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Fréquentation du secteur de Ste Catherine le samedi 18 juillet 2020 dans le PNM golfe du lion | Crédit : Jessica LAURENT / OFB

Ce travail de suivi des usages et de la fréquentation des activités professionnelles et de loisirs dans le Parc naturel marin du golfe du Lion a permis de cartographier les différentes pratiques et d’observer que l’ancrage se situe principalement sur des habitats sensibles comme les herbiers de Posidonie. La nécessité d’étendre la zone de mouillages et d’équipements légers où l’ancrage est interdit et d’installer de nouvelles bouées pour les bateaux de plaisance a ainsi été confirmée permettant de préserver des habitats marins tels que les herbiers de Posidonie, le coralligène et les roches infralittorales ainsi que des espèces associées dans le site Natura 2000 « Posidonies de la côte des Albères » notamment. Ces travaux ont été menés par Jessica Laurent, en stage au Parc naturel marin du golfe du Lion sous la direction d’Alizée Martin dans le cadre de l’action Marha A3 de connaissance sur les activités et les usages.

Les activités liées à la mer, un pilier de l’économie en Occitanie
En 1963, suite à l’impulsion de la Mission Racine (i.e mission interministérielle pour l’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon), le littoral a été transformé avec de grands aménagements tels que la construction de ports et le développement de stations touristiques. De ce fait, la côte languedocienne s’est urbanisée dans le but d’accueillir les vacanciers. En conséquence, la fréquentation côtière n’a jamais été aussi importante et populaire qu’aujourd’hui. En effet, la région Occitanie est la deuxième région la plus touristique de France en termes de fréquentation et la première en termes de nuitées touristiques avec 186 millions en 2018.

Avec 20 000 emplois dans les Pyrénées-Orientales, le secteur du tourisme représente une activité économique essentielle. Or, le département des Pyrénées-Orientales possède le plus fort taux de chômage en métropole avec 13,9 % de chômage au deuxième trimestre 2019. Cela illustre ainsi l’importance de la prise en compte du tourisme dans le contexte socio-économique du territoire du Parc.

A partir des années 1960-1980, se développent un panel d’activités liées à la mer. De ce fait, la mer devient un espace de loisirs pour pratiquer des sports nautiques (planche à voile, surf, kayak), de la pêche de loisir ou encore de la plaisance.

Des mesures de protection de l’environnement nécessaires à la durabilité de ces activités
Cependant, ces différents usages s’accompagnent parfois d’une déconnexion du caractère naturel de la mer et de sa biodiversité. Les impacts de ces usages récréatifs sur l’environnement marin sont multiples. En effet, la présence et l’importante concentration d’usagers sur certains sites peuvent affecter l’environnement marin et littoral. Les impacts liés à ces usages récréatifs sont notamment le dérangement de la faune, la propagation d’espèces allogènes, la pollution, les impacts paysagers ainsi que la dégradation des fonds marins.

Dans ce contexte, il apparaît essentiel de mettre en place des mesures de protection de l’environnement tout en assurant une gestion durable des activités maritimes.

Une ZMEL pour concilier usages et préservation des fonds marins

Les zones de mouillage et d’équipements légers (ZMEL) sont des secteurs où des dispositifs d’amarrage sont installés permettant d’accueillir des plaisanciers ou des bateaux support de plongée dans des conditions respectueuses des impératifs de sécurité des personnes et des biens ainsi que de protection des fonds marins. L’installation de ces bouées d’amarrage, combinée à une interdiction d’ancrage dans la zone, permet de réduire l’abrasion et la dégradation des fonds et donc de préserver les habitats sensibles tels que les herbiers de Posidonie et le coralligène.

Par arrêté du 08 juin 2011 et afin de respecter les engagements de conservation et de gestion du document d’objectifs de la zone Natura 2000 « Posidonies de la côte des Albères », une zone de mouillages et d’équipements légers (ZMEL) a été autorisée au profit du comité départemental 66 de la Fédération d’études et de sports sous-marins.

Crédit : Jessica Laurent / OFB

Cette ZMEL a été conçue afin d’aménager les sites de plongée principaux de la côte rocheuse, en dehors de la Réserve naturelle marine, facilitant ainsi leur accès et réduisant la pression de l’activité d’ancrage sur les habitats d’intérêt communautaire. Sur cette ZMEL, 14 dispositifs d’amarrage ont été installés et destinés en priorité aux structures de plongée sous-marine.

Depuis la création du Parc naturel marin du golfe du Lion en 2011 et surtout l’adoption de son plan de gestion en octobre 2014, il est envisagé que le Parc, aire marine protégée gérée par l’Office français de la biodiversité (OFB), devienne le gestionnaire de cette ZMEL. L’OFB est gestionnaire de fait à l’heure actuelle puisque, d’une part, il s’est vu rétrocéder les 14 dispositifs d’amarrage par le CODEP 66 en 2016 et, d’autre part, assure l’entretien et la maintenance des dispositifs installés.

 

La côte rocheuse du Parc, avec ses nombreuses criques abritées des vents forts (Tramontane et vent marin), est très fréquentée l’été par les plaisanciers mais à ce jour, aucune bouée destinée prioritairement aux bateaux de plaisance n’est installée. Ainsi, un projet concernant la modification des périmètres de la ZMEL, afin d’intégrer les habitats sensibles, ainsi que l’ajout de bouées destinées en priorité aux navires supports de plongée, aujourd’hui en nombre insuffisant, et de bouées destinées en priorité aux plaisanciers est en cours.

Des suivis pour estimer le nombre et la position des nouvelles bouées
 Ce stage avait pour objectifs de (i) connaître la fréquentation des bateaux de plaisance pour l’aménagement de la ZMEL ; (ii) décrire l’ensemble des activités de loisirs et professionnelles de la zone, notamment pour la concertation avec les différents usagers de la zone (pêcheurs, bateliers, plaisanciers, plongeurs…) et ; (iii) de connaître la fréquentation de toutes les activités dans le cadre de la mise en place de Zones de Protection Forte au sein du Parc.

Des suivis à terre et en mer ont été mis en place entre juin et septembre. Ainsi, 13 sorties en mer sur l’ensemble de la côte rocheuse ont été effectuées et 21 sorties à terre sur les quatre secteurs de la ZMEL. Ces suivis ont permis de mettre en évidence les zones des différentes pratiques : sports nautiques, plaisance, plongée et chasse sous-marine. Sur l’ensemble de la côte rocheuse et aux différentes périodes de la saison, les bateaux de plaisance sont majoritairement des bateaux à moteur inférieurs à 7 mètres. Aussi bien en avant saison (juin) qu’en haute saison (juillet et août) et qu’en arrière-saison (septembre), les sports nautiques les plus observés sont le kayak puis le paddle et enfin le jet-ski.

De plus, le mouillage sur ancre est très pratiqué par les plaisanciers. On remarque que les zones d’ancrage liées à la plaisance sont principalement situées dans les herbiers de Posidonie. A partir des données d’ancrage observées, des cartes permettant de visualiser les principales zones d’ancrage associées à la plaisance ont été réalisées. La forte pression d’ancrage dans certaines zones confirme la nécessité de l’installation de nouvelles bouées et de l’interdiction d’ancrage afin de protéger les fonds marins.

Pression d’ancrage à Sainte Catherine par vent calme à partir des données de mouillages forains récoltées sur l’ensemble de la saison 2020

Ces résultats seront intégrés au dossier de demande d’autorisation d’occupation temporaire du domaine public maritime pour l’installation des nouvelles bouées. Aussi, l’interdiction d’ancrage dans la ZMEL permettra la préservation des habitats marins tels que les herbiers de Posidonie, du coralligène et des roches infralittorales ainsi que des espèces associées dans le site Natura 2000 « Posidonies de la côte des Albères » notamment.

Jessica Laurent, étudiante (maintenant diplômée) en Master 2 Développement Durable, Management Environnemental et Géomatique dispensé par l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne et l’ENSG :

"Ce stage m’a permis de participer à l’un des grands projets du Parc naturel marin du golfe du Lion : l’aménagement de la ZMEL (mise en place de protocoles, analyse des résultats et participation aux concertations et aux restitutions avec les usagers). Contribuer à la mise en place de mesures de protection des habitats marins sensibles comme les herbiers de Posidonie a été une expérience très enrichissante."

Consulter le rapport de stage de Jessica